فقرة بعنوان ” رحلة بالأوتوستوب الى سينماتيك هنري لانجلوا ” من كتاب ” رسائل الى نيكوس كازانتزاكيس. سيرة ذاتية مختصرة ” لصلاح هاشم.يصدر قريبا في مصر.
Par Salah Hashem
J’ai fait mes adieux à mes amis égyptiens, comme Mohamed El-Sayed, qui m’avait accompagné lors d’un voyage en auto-stop de Thessalonique, dans le nord de la Grèce, à Venise. Avant cela, j’avais fait mes adieux à mon amie Farah, venue du Caire à Athènes en avion en août 1970, pour attendre mon arrivée par bateau depuis Alexandrie, d’où le navire L’Algérie avait mis les voiles vers le port de Pirée, avec à peine douze dollars en poche.
En effet, Farah n’avait pas pu voyager avec moi à bord du bateau car la pauvre ne supportait pas le mal de mer. Mon voyage en Grèce avec Farah, nouvelle diplômée de la faculté des Lettres du Caire, fut une première historique : c’était la première fois dans l’histoire de la faculté qu’un étudiant récemment diplômé entreprenait un voyage en auto-stop en Europe avec une étudiante de la section Histoire.
J’ai également fait mes adieux à mes amis libanais, qui participaient avec moi aux vendanges, dont mon ami le photographe Sami Lamah, propriétaire, avec ses frères, du studio Playboy à Haret Hreik à Beyrouth. Puis j’ai pris la route, en direction de l’autoroute la plus proche, pour voyager en auto-stop jusqu’à Paris. J’ai écrit « Paris » sur un morceau de carton, me suis placé au bord de l’autoroute, et ai brandi la pancarte aux voitures qui passaient, espérant que l’un des conducteurs, qu’il soit au volant d’une voiture ou d’un camion à grande vitesse, ait pitié de moi, cheval errant d’Égypte en terre gauloise, et s’arrête.
Cette rencontre fortuite a mené à une discussion passionnante tout au long du trajet sur l’Égypte, sa culture, sa civilisation millénaire, mes aventures en auto-stop, la vie culturelle en France, ainsi que l’état du « nouveau roman » en France. Nous avons parlé du grand écrivain français Alain Robbe-Grillet, dont j’avais lu les romans et qui avait été traduit par Mustafa Murjan, assistant de Dr. Louis Awad au journal Al-Ahram. Murjan avait traduit Pour un Nouveau Roman de Robbe-Grillet, publié par Dar al-Maaref en Égypte, et j’avais déjà vu quelques-uns des films extraordinaires de Robbe-Grillet, notamment L’Année dernière à Marienbad, pour lequel il avait écrit le scénario, réalisé par le grand cinéaste français Alain Resnais. Avant mon départ pour la France, j’avais dévoré Pour un Nouveau Roman, une traduction de Murjan, le plus important livre sur le nouveau roman jamais publié en Égypte.
À cette époque, après avoir traversé la France pour la vendange et laissé derrière moi aucun raisin non récolté, je ne savais pas qu’années plus tard, je rencontrerais ce même Mustafa Murjan, journaliste et écrivain à Al-Ahram, qui préparait sa thèse de doctorat à Paris. Par hasard, il vivait dans la « Maison Cubaine » à la Cité Internationale Universitaire, où je résiderais plus tard dans la « Maison Vietnamienne ». Nous deviendrions amis.
Jamais il ne m’était venu à l’esprit, durant ce voyage, que cette dame deviendrait l’une de mes amies les plus proches à Paris, ni que mon travail en tant que critique et journaliste pour la revue Al-Watan al-Arabi—le premier magazine arabe hebdomadaire publié par des exilés libanais à Paris dans les années 1980—me permettrait plus tard de passer six jours avec Robbe-Grillet en Slovaquie. Il avait été invité en tant que président du jury du Festival du Film d’Art en Slovaquie, et moi, en tant que critique invité par le directeur du festival, que j’avais rencontré précédemment au Festival du Film d’Antalya, pour siéger dans le jury des documentaires. Au fil du temps, Robbe-Grillet et moi étions devenus amis, et plus tard, je l’avais même invité à être honoré au Festival du Film d’Alexandrie, où j’avais travaillé en tant que représentant du festival en France et programmateur de films pendant plus de vingt ans. Robbe-Grillet avait répondu à mon invitation et était venu en Égypte ; sa présence et son hommage au festival étaient devenus l’un des événements culturels, littéraires, et cinématographiques les plus marquants de l’époque en Égypte.
Il me semble maintenant, Kazantzakis, alors que je regarde en arrière comme un cheval errant sur cette expérience et mon voyage en auto-stop de Strasbourg à Paris, une ville que je n’avais jamais visitée auparavant, que peut-être cette aventure, grâce à la bénédiction de la curiosité et de l’amour du voyage, préparait le terrain pour des surprises encore plus vibrantes, enrichissantes et passionnantes, ainsi que d’autres « aventures sinbadiennes » de vagabondage productif dans la Ville Lumière. Tout cela m’amenait vers la grande Cinémathèque d’Henri Langlois : le foyer du cinéma et des films à Paris, le plus grand centre d’archives cinématographiques du pays qui a inventé le cinéma et enchanté le monde par la magie de la lumière et des couleurs.
On continue, Kazantzakis ?
Oui, on continue.
par
Salah Hashem Moustafa
